✤ ✤

It's a powerful thing
to care so much for someone

Ce ne fut que ce matin que je comprenais quelque chose. C'était probablement anodin, un détail insignifiant. Dave déjeunait tranquillement sur la table du salon. J'ouvrais le placard pour attraper une deuxième tasse de café. Dans le placard, il n'y avait pas que de la nourriture pour moi. Il y avait ces biscuits qu'il aimait tant. J'avançais alors vers le réfrigérateur, mon jus d'orange était côté à côte avec son lait demi-écrémé. Ce ne fût à qu'à ce moment là que ma prise de conscience m'empreignait. Nous vivions ensemble. Ce qui n'avait dû être que l'histoire d'une nuit semblait être devenu un accord tacite. Je le réalisais à peine mais Dave se trouvait ici depuis quelques temps à présent. Il s'était même fait une place dans ma grande maison autrefois bien trop silencieuse. Je fronçais les sourcils demandant si cela faisait de lui mon colocataire. Etions-nous des colocataires ? Etait-ce notre maison à présent ? Je me rappelais vaguement lui avoir laissé un double des clés. Même mes frères et soeurs n'avaient pas le double de mes clés. Certes, c'était un simple détail mais cela me semblait être bien plus que cela. Je sentais l'anxiété grimper en moi. Pourquoi ? Parce que simplement, cette situation supposée temporaire me convenait bien trop. Je ne l'imaginais plus partir pourtant définitivement, il allait partir à un moment ou un autre. Dès l'instant où il allait se mettre en ménage ou même simplement, il aurait bien fallu qu'il revienne dans son appartement sûrement. Cette pensée me donnait la nausée. Je repassais une mèche de mes cheveux derrière mon oreille chassant par la même occasion mes réflexions. Je ne voulais plus y penser. Je me retournais pour rejoindre Dave à table. « Je dois passer en ville, j'ai une réunion mais tu déjeunes avec moi, ce midi ? », lui proposais-je en dérobant une bouchée de son petit pain. Oui, j'avais tendance à être un brin sans gêne encore plus avec lui. Je prenais bien trop mes aises c'était certain. Pourtant, cela ne semblait jamais vraiment le déranger. Peut-être n'osait-il pas rien dire ou peut-être qu'il avait l'habitude. Il sembla acquiescer, je lui adressais un large sourire avant de finir ma boisson d'une traite. Je me relevais jetant un oeil à l'horloge j'étais en retard. Je m'approchais de lui pour déposer un baiser sur sa joue. J'attrapais mon sac à main en lui lançait un au revoir depuis la porte d'entrée. La mâtiné passa bien rapidement. Avec la mort du maire, c'était un peu la galère, nous avions décidé d'effectuer une réunion de crise afin de décider comment procéder. Nous n'étions arrivés à aucune décision concrète surtout tant que la mairie était un lieu d'enquête (une scène de crime). Forcés de nous rencontrer dans un lieu publique avec le bruit et les distractions extérieures, il était difficile d'avoir l'attention des cinq conseillés et membres de l'administration de la mairie. Mon regard guettait l'heure sur ma montre. J'adorais le restaurant indien. Je n'y étais allée qu'une seule fois avec Dave depuis mon retour à Brattleboro.
Appuyée contre la devanture du restaurant, je craignais qu'il ne se joigne pas à moi. Mon rythme cardiaque s'accélérait. Il avait cette facilité déconcertante à me déstabiliser tout en me rassurant par sa présence. Il me poussait à douter de tout par moment, même de moi-même. Une drôle de combinaison. Je pris une profonde inspiration pour calmer le doute qui s'immisçait en moi. L'inquiétude fit finalement son apparition. Et s'il lui était arrivé quelque chose ? Et si celui qui avait tué le maire s'en était pris à Dave ?  Alors que je songeais à appeler le commissariat pour lancer un avis de disparition, il apparut comme par magie devant moi. Sans même lui laisser le temps de parler, je lui donnais une tape sur l'épaule. « J'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose, silly. Ne me fais plus ce coup-là surtout en ce moment.  », le réprimandais-je en fronçant les sourcils et croisant les bras.

         
✤ ✤

It's a powerful thing
to care so much for someone

C'était mon truc tout simplement de m'inquiéter toujours trop et surtout toujours d'avance. J'avais cette facheuse habitude de toujours m'imaginer le pire. J'étais peut-être parfois étouffante avec mes inquiétudes. Je me prenais sûrement trop la tête. Mais que pouvais-je faire d'autre ? J'avais beau me dire que peut-être je me faisais du soucis pour rien, cela ne m'aidait jamais à cesser. C'était probablement simplement celle que j'étais. Je n'étais pas parfaite, loin de là, même. J'attendais tranquillement - or not - l'arrivée de Dave. Nous nous connaissions depuis des années. Nous vivions ensemble depuis quelques mois. J'avais confiance en lui plus qu'en n'importe qui d'autre. Et cela, malgré que nous ayons été séparé pendant des années lorsque j'étais partie faire mes études et ma résidence à Cambridge, sur le Campus d'Harvard. Je savais que je pourrais compter sur lui, no matter what. Depuis, l'assassinat du maire je craignais encore plus qu'il n'arrive quelque chose à mes proches. Il faut dire que je n'avais jamais été très chanceuse. Ainsi par expérience, il me semblait que j'allais attraper toute la malchance des alentours.  « Je ne savais pas que j'étais surveillé maman. », répliqua le jeune homme avec un petit rire. Un sourire se dessina aux coins de mes lèvres. Mon regard se posait sur la devanture. « Je te rappelle que Richard est mort quand même et que la radio locale semble penser que ce n'est que le début d'une succession de meurtres... Alors, non, cela me semble assez normal de s'inquiéter... », lâchais-je en croisant les bras mimant l'indignation. Je fronçais les sourcils alors que les images présentes dans le journal local me revenaient en tête. Pauvre Monsieur DeGray. C'était tellement triste et inquiétant. La ville de Brattleboro m'avait toujours parru si tranquille et paisible... « Je te paye un verre pour me faire pardonner. », déclara-t-il avant d'ouvrir la porte pour me laisser passer en premier. J'acquiesçais en silence. L'alcool m'était interdit. Bientôt  un an que j'étais sobre. Je devais avouer que le manque était toujours présent. Ce qui était normal. Il ne disparaîtrait probablement jamais. Il déplaçait sa chaise en parfait gentleman. Des habitudes qui se faisaient rares par les temps qui couraient.  Il me donnait presque l'impression d'être une lady par moment.  « Comment était ton début de journée ? », m'interrogea Dave. J'étais beaucoup plus intéressée par sa matiné que par le fait de parler de la mienne... Je haussais les épaules avant de rouler les yeux. Je m'enfonçais dans ma chaise balayant la salle du regard. Je croisais mes jambes pour les décroiser de nouveau sous la table. « Hum… Des conseillers municipaux en panique… Ce n'était pas très beau à voir.  Mais et toi alors ? », répondis-je en déposant mon regard dans le sien. Un autre sourire se dessinait sur mes lèvres. J'étais contente qu'il soit ici à mes côtés. C'était un petit rien qui égayait ma journée. Il n'avait probablement aucune idée l'importance qu'il avait. Avec Dave, je pesais probablement plus mes mots qu'avec quiconque. « Je suis vraiment contente que tu déjeunes avec moi... », avouais-je dans un élan d'honnêteté. La mort de Richard semblait m'avoir chamboulé plus que je n'osais l'avouer... J'avais cette peur irrépressible, cette impression qu'il allait s'enfuir à tout moment, disparaître ou bien simplement se lasser de ma présence. « J'aime vraiment beaucoup ce restaurant. », changeais-je brutalement de sujet, prenant le menu entre mes mains. Je tentais tant bien que mal de me détacher de son regard azur et d'éteindre le sourire présent sur mes lèvres. Ils ne me réussissaient pas vraiment. Ce n'était pas dans mes habitudes d'être aussi peu sûre de moi. J'avais du mal à me reconnaitre. Je fronçais de nouveau les sourcils confuse, noyant mon regard dans le menu du restaurant indien. Mon coeur cognait déraisonnablement dans ma poitrine.

         
✤ ✤

It's a powerful thing
to care so much for someone

Je connaissais Dave depuis plusieurs années, je me rappelais toujours aussi bien de la première fois que j'avais posé les yeux sur lui. Nous n'étions que des gamins. Je venais de me disputer avec mon père ce n'était que quelques mois après le départ de ma mère. J'avais couru aussi vite que j'avais pu alors que des perles salées coulaient sur mes joues. J'avais finalement grimpé dans un arbre du parc. Ce ne fut qu'après quelques secondes que j'avais aperçu ce petit garçon aux yeux bleus dont j'avais troublé la tranquillité. Je ne m'étais pas excusée non à la place, j'étais allée me blottir dans les bras de ce petit garçon. Il ne pleurait pas mais il n'avait pas l'air très bien lui non plus. Parfois, j'avais l'impression que rien n'avait changé entre nous. Nous étions toujours ces enfants qui couraient se retrouver dans les arbres. « Arrête sinon je vais croire que tu tiens vraiment à moi. » , plaisanta-t-il avant de pousser la porte devant moi. Un sourire à mes lèvres, je répliquais avant d'entrer dans le restaurant : « Il me semble que c'est un fait établi… » Il me semblait que c'était le cas en effet. Même après toutes ses années, j'avais toujours autant besoin de ce petit brun, de sa présence rassurante à mes côtés. « Toi par contre tu devrais faire attention. Heureusement que tu as un coloc qui veille au grain. » , me fit-il remarquer. Je lui adressais un autre sourire. J'avais beaucoup de chance c'était certain de l'avoir. Il faisait attention à moi, c'était sûr. J'étais tellement habituée à prendre de soin des autres que dans le fond, j'ignorais comment laisser les autres veiller sur moi. C'était aussi la première fois, que l'un de nous deux reconnaissait la situation pour ce qu'elle était. Nous étions devenus colocataires. « Un colocataire qui ne paie pas son loyer… », plaisantais-je tentant de détendre l'atmosphère. Je n'avais jamais vécu avec quelqu'un d'autre que ma famille. C'était donc pour moi un pas assez important. Je l'avais laissé rentrer dans ma vie quelques années auparavant… Et maintenant, il vivait dans ma maison… Avec moi. Une part de moi était effrayée par cette révélation. Il me proposait un verre pour se faire pardonner son retard, nous asseyons rapidement à table. Enfoncée dans mon fauteuil, comme à chaque fois, que quelqu'un cherche à me faire parler de moi, j'éludais la question. Mes réponses étaient bien toujours évasives. Je n'aimais pas parler de moi, de ma vie. J'étais une chirurgienne de renommée à Cambridge qui avait abandonné son poste et qui avait failli à son patient et sa famille. Je n'avais/ne pouvais pas supporter le poids de l'échec, de l'abandon. J'avais failli à mon devoir. J'avais la gorge sèche. Ses pensées funestes me donnaient que bien trop envie d'un verre. Il affirma qu'il aurait bien aimé voir cela, je fronçais les sourcils ayant perdu le fils. « Un fabuleux roman est tombé sur mon bureau. Je n'ai pas pu décrocher de la matinée ce qui explique mon retard.  » , m'expliquait le traducteur. C'était adorable de voir combien il semblait apprécier son métier. Cela me rappelait presque des temps où je tenais un scalpel et non un téléphone entre mes mains les trois quart du temps. « Dans ce cas, il faudra que tu me le montres une fois que tu l'auras traduit. Comment est-ce que cela finit ? Tu me connais, je ne lis pas un livre si je n'en apprécie pas la fin… », déclarais-je avant de me perdre de nouveau dans son regard azur. Je me résolvais ensuite à me concentrer sur le menu. ( Ce qui n'était pas chose facile. ) Je sentais mes joues s'échauffer alors qu'il confiait : « C'est toujours un plaisir d'être en ta compagnie. En tout cas ça me soulage tu aurais pu en avoir assez de m'avoir déjà chez toi, maintenant ici. »  Comme s'il m'était possible d'en avoir assez de Dave Sandberg. Comment pouvait-on en avoir assez de lui ? C'était complètement impossible. Il me semblait tellement parfait sur bien des niveaux… Il était adorable pour une part, à l'écoute, attentionné, gentil et fiable. Je savais que je pouvais compter sur lui. Il avait toujours été la pour moi. Comme je l'avais probablement été. « Tu sais si jamais un jour tu en as marre n'hésite pas à me le dire. » , rajoutait finalement le brun. Je relevais brusquement mon regard du menu pour croiser le sien. Je ne voyais pas arriver un jour le moment où je me lasserais de lui, c'était probablement cela le grand problème. Comment pouvais-je lui avouer que j'aurais aimé qu'il ne s'installe définitivement avec moi ? Comment étais-je supposée lui avouer tout simplement que j'étais terrorisée par l'idée qu'il ne me laisse seule ? Alors, je répliquais tout simplement alors que j'avais l'impression que mon coeur allait sortir de ma poitrine : « Je te le dirais ne t'en fais pas pour cela.  » Coward. J'avais soudain l'impression d'être faite de coton. J'avais une docile sensation de vertige alors que mes mains se crispaient sous la table. Certaines choses semblaient plus difficile que d'autres à avouer. Moi, Nikki Baldwin, j'avais besoin de Dave Sandberg pour exister… Qu'est-ce qui était plus pathétique ? J'avais honte de moi-même, de ma vulnérabilité. Je n'étais pas une petite fleur fragile. J'étais forte. Alors que je réalisais que j'avais retenu ma respiration, les détails me frappaient. Je n'avais pas besoin de Dave parce que j'étais fragile, sans défense… J'avais besoin de lui parce que je n'étais pas moi-même sans lui. J'étais amoureuse de lui. J'étais amoureuse du petit orphelin de la cabane dans l'arbre... Et je tremblais. Je me relavais brutalement alors que mes jambes tremblaient sous mon poids. « Je... Je ne me sens pas très bien, je...  », balbutiais-je avant de m'éloigner à toute vitesse en direction de la salle de bain du restaurant.

         
✤ ✤

It's a powerful thing
to care so much for someone

« Je sais tu peux pas vivre sans moi. », déclara-t-il avec un petit clin d'oeil. Je laissais échapper un rire nerveux. Une part de moi savait que non, étrangement il avait raison. Cette plaisanterie avait une part de vérité. C'était peut-être le cas de toutes les plaisanteries après tout. « C'est vrai, mais je paye la bouffe et je te fais à manger ça compense non ? », se défendit le jeune homme avant de laisser échapper un petit rire. Je lui adressais un large sourire. Si j'affectionnais la pâtisserie, il fallait dire que mes talents culinaires étaient assez minces. Je n'étais bien compliquée pour autant. Une bonne salade composée ou des lasagnes aux épinards et à la ricotta me convenaient très bien. « Plus sérieusement tu sais que je peux participer. », rajouta Dave. Je mis quelques instants à réaliser qu'il avait pris mes propos au sérieux. J'étais plus que satisfaite de notre arrangement tacite. Je ne voulais pas de son argent. J'en avais déjà assez du mien. Je gagnais plutôt bien ma vie et j'avais déjà remboursé mon prêt étudiant du fait de mes économies lors de mes années en tant que chirurgienne. Je n'avais définitivement pas à me plaindre de ce côté. Je voulais tout simplement sa présence à mes côtés. C'était tout. « Ton argent m'importe peu, Dave. Tu en fais déjà assez considère cela ta part. D'ailleurs, nous devrions officialiser cela… Quand nous rentrons, tu me diras si tu désires modifier des choses ? T'approprier l'une des chambres d'amis… Tu pourrais même redécorer certaines choses si tu le désires… Après tout, c'est ta maison aussi. », me surpris-je à lui répondre. Les mots s'étaient échappés de mes lèvres, déferlant à une allure incroyable, sans même me laisser le temps de réfléchir avant de parler. Assis à la table du restaurant, nous entamèrent les banalités d'usage. Nous parlions de nos emplois respectifs. « Quel est l'intérêt de te dire la fin franchement ? », déclarait le brun, visiblement perplexe. Je souriais une fois de plus avant d'expliquer : « Si la fin ne me plait pas, je ne vais pas vouloir savoir comment les protagonistes ont fait pour y parvenir. Si le jeu en vaut la chandelle, si tu préfères. How can I know if it is worth all the broken hearts, the pain, the struggles ?  »  Ce fut l'avant dernière réplique avant les derniers mots fatidiques. Ceux qui me poussèrent à découvrir ce que je n'avais cessé de réprimer. J'étais folle de lui, de Dave. Il était la raison pour laquelle, je me levais avec un sourire sur mon visage tous les matins. La raison pour laquelle j'avais hâte de rentrer chez moi tous les soirs. Je vivais pour ce sourire, pour ce regard azur et ce rire adorable. Pendant longtemps, j'avais cherché, douté de moi-même, tentant de trouver la force d'avancer. Je n'avais pas ressenti cela depuis des années, ce sentiment de légèreté lorsqu'il posait les yeux sur moi. Il me faisait oublier le poids de mon fardeau, de mes erreurs par son sourire irrésistible. Dave avait ce pouvoir, cette emprise sur moi. And I couldn't do a damn thing about it. Soudain, je me relevais pour faire ce que je faisais de mieux, être lâche. Les deux mains sur le lavabo, la tête baissée, mes deux jambes tremblantes sur mes hauts talons hors de prix, j'étais terrorisée, perdue. Je n'avais aucune idée de quoi faire. Devais-je tenter d'oublier mes sentiments? Devais-je les nier ? J'arrivais à peine à me souvenir de comment j'étais arrivée ici. Ma tête tournait. J'entendis à peine claquer la porte derrière Dave. . « Qu'est-ce qui se passe ? », s'inquiéta le jeune homme en se rapprochant de moi. Je ne pouvais pas croiser son regard alors je gardais ma tête baissée. Cherchant en vain une solution à mon "problème". « J'ai dis, fais quelque chose de mal ? » Etais-je prête à mettre en péril l'une de mes plus vielles relations ? Ma tête me disait de l'éloigner, de le blesser assez fort pour qu'il ne s'approche plus jamais de moi, pour qu'il s'en aille à jamais. La porte claquait de nouveau. Je pouvais sentir deux regards supplémentaires sur moi. « Oui je sais c'est les toilettes des femmes. Vous nous donnez de l'intimité cinq secondes ? », l'entendis-je prononcer vaguement puis la porte se ferma de nouveau. J'avais du mal à calmer ma respiration. J'avais soudainement l'impression d'étouffer. Je resserrais mon emprise sur le lavabo tentant de calmer ce que j'aurais pu nommer une crise de panique. J'étais médecin, je savais reconnaître une crise de panique lorsque j'en avais une. J'inspirais lentement par le nez avant de retenir ma respiration pendant trois secondes puis j'expirerais ensuite.  Je savais tout à fait ce qu'il me fallait pour chasser cette vague d'anxiété. j'agrippais la main du jeune homme. Il était ma bouée de sauvetage, mon ancre en pleine tempête. Mon cœur galopait dans ma poitrine. Je resserrais ma pression sur sa main, enlaçant ses doigts dans les miens. Peu à peu, je me sentais regagner le contrôle de mes propres facultés. Fermant mes yeux quelques instants, je serrais mon poing. J'avais laissé mes émotions me submerger. Cela ne pouvait pas arriver de nouveau. Dave méritait une explication quand à mon comportement. Il fallait que je sois courageuse. Je ne pouvais laisser un autre de ses épisodes arriver. Je devais prendre une décision. Je relâchais sa main pour passer la mienne dans mes cheveux. Devais-je être honnête ? Qu'étais-je supposée lui dire ? Tout se bousculait dans mon esprit. J'ignorais totalement quoi lui dire… Ce fût pourquoi je lâchais alors que mon regard croisait enfin le sien : « I... I... I think… I'm in love with you. »

FEAT NIKKI BALDWIN.
✰✰✰

So no one told you  life  was gonna be be this way.

Spoiler:

         
✤ ✤

It's a powerful thing
to care so much for someone

Je regrettais déjà les mots qui s’étaient échappés de mes lèvres. Qu’avais-je cru, attendu ? Pourquoi n’avais-je pas été capable de me taire ? Il avait fallu une fois encore que je parle sans réfléchir. Une habitude bien trop singulière qui ne se décidait pas à disparaître. J’avais fais une crise de panique en pensant au simple fait que je n’étais pas la même sans lui, au fait de perdre les gens qui m’importaient. C’était ridicule. Je m’étais pris la tête pour rien – comme bien souvent. Sa réaction ne fit que renforcer la douleur qui me poignardait le ventre. « Tu quoi .. » , me demanda le jeune homme presque paniqué. Je n’étais pas prête à le répéter une nouvelle fois. Je n’allais pas faire cette erreur une seconde fois. Je réalisais à peine la bêtise que j’avais faite. J’avais risqué de mettre en péril cette relation si particulière que je chérissais sur un simple coup de tête. Je ne le méritais pas c’était certain.  Le brun semblait perdu, si bien qu’il ajoutait : « Pourquoi est-ce que tu me le dis seulement maintenant ? » A cela, j’étais encore moins capable de répondre. Je n’avais pas la réponse qu’il désirait. Je l’ignorais moi-même pourquoi ce cris du cœur s’était échappé à cet instant précis. Je ravalais difficilement ma salive. Ma gorge était serrée. Mon cœur cognait dans ma poitrine alors que je sentais une vague de tristesse poncturer mon corps. Mes épaules s’affaissèrent. Je m’étais totalement voilée la face. Et j’avais probablement tout gâcher entre nous… « Je veux dire j'ai passé les dernières semaines à me convaincre que je n'aurais pas la moindre chance avec toi. », finit par expliquer Dave. Je fronçais les sourcils.  Venait-il de dire qu’il partageait mes sentiments ? Pour lui, cela semblait être un fait établit. Or, cela n’avait jamais été aussi clair à mes yeux. Nous étions… Ce que nous étions qui tenaient plus à des amis qu’autre chose… Ou peut-être avais-je tort ? Peut-être que les autres voyaient ce que nous étions incapables de voir. Je me souvenais encore des discussions que nous avions eut avec chacun de nos amis (réciproquement?) à ce sujet. J’avais toujours été mal à l’aise lorsqu’on me demandait de définir ma relation avec Dave. C’était toujours le cas. « Je tiens à toi, Dave. C’est plutôt certain, du moins, je le croyais. Je ne sais pas si tu as remarqué, mais je ne laisse pas entrer n’importe qui sous mon toit. Je n’ai jamais vécu avec quelqu’un d’autre que ma famille… Tu es l’exception de ma règle.  » Je pris une profonde inspiration alors que mon regard assuré croisait une fois de plus le sien. Je fronçais une nouvelle fois les sourcils alors que je poursuivais avec incertitude et sincérité : « Je ne sais pas ce que nous sommes, ce que nous étions ou avons été, je n’ai jamais été capable de le définir mais nous sommes quelque chose. Et je tiens à ce quelque chose alors je suis désolée d’avoir laissé échapper cela de cette façon. Quand je vois dans quel état cela te met, si je le pouvais je le reprendrais… »

Spoiler:

FEAT NIKKI BALDWIN.
✰✰✰

So no one told you  life  was gonna be be this way.

Spoiler:

         
✤ ✤

It's a powerful thing
to care so much for someone

J’avais définitivement tout gâcher entre nous. Nous ne serions plus jamais capable de revenir où nous en étions auparavant. Cette relation que nous avions entretenue m’avait toujours satisfaite. J’avais pour habitude de me contenter de ce que les autres me donnaient. « J'ai passé les dernières semaines à me convaincre que cette complicité, cette ambiguïté c'était dans ma tête. Je ne peux pas nier les sentiments que j'ai pour toi en tout cas pas après ce que tu viens de dire. », expliquait Dave. Elle n’avait jamais été dans sa tête, c’était chose sûre. A moins qu’elle n’eût été dans nos deux têtes. J’en doutais. Cela me semblait plutôt bien réel.  « Je n'ai pas la prétention de dire que je sais ce que nous sommes, mais il semble clair que nous sommes plus que des amis. », poursuivit le jeune homme alors que j’échouais moi-même à définir le lien si particulier qui nous unissait. Mon cœur battait déraisonnablement dans ma poitrine. Je tremblais légèrement. Je me sentais terriblement fébrile. Was he right ? Have we been fooling ourselves all this time ?  Je n’avais pas eu des tonnes de prétendants. Non, cela n’avait jamais marché véritablement. Il semblait toujours manquer quelque chose… Ce quelque chose que j’avais définitivement avec Dave. Cette alchimie et cette unité d’âmes. Parfois, c’était comme si nos cœurs battaient à l’unisson, nos respirations étaient synchronisées. « Bon sang Nikki tu es la personne la plus importante à mes yeux, celle avec qui je peux être moi-même et réciproquement. (…) Je n'arrive pas à tenir la moindre relation parce qu'en comparaison avec toi elles ne font pas le poids. », finit par lâcher Dave . J’avais des papillons dans le ventre alors que je tentais de garder la maîtrise de mes émotions. Il ne rendait pas la tâche facile avec ces propos. J’avais l’impression que mon cœur allait s’échapper. Le brun baissa soudainement le regard. « Maintenant je me sens stupide d'avoir dit tout ça alors que si ça se trouve tu ne ressens pas la même chose à mon égard. »,  Soudain, je sentais une vague de colère monter en moi. Comment osait-il remettre en cause mes sentiments ? Alors que je venais de lui avouer que j’avais des sentiments amoureux à son égard. Qui avait-il d’autre que je puisse faire ? De mon côté aussi, je doutais. Je n'étais qu'humaine après tout. J'avais moi-même ma part de doutes et d'incertitudes... Je serrais mes poings alors que je me rapprochais de lui. « DAVE SANDBERG. REPREND CELA TOUT DE SUITE.  Comment oses-tu remettre en question mes sentiments alors que je viens tout bonnement de te l’avouer? J’aurais pu tout simplement me taire, les garder pour moi. Mais j’ai pris la décision maladroite de te les avouer à la seconde où cette révélation m’a frappé. Alors, oui, tu peux continuer ainsi, à te demander dans les toilettes d’un restaurant indien, si je pensais vraiment ce que j’ai dit… Ou tu peux décider de t’arrêter… Et m’embrasser et le découvrir. », déclarais-je. Je rompais de nouveau la distance qui nous séparait. Ma main se déposait sur son menton relevant son regard pour qu’il croise l’amplitude du mien. I wasn’t joking around. Je ne parlais pas de mes sentiments à la légère. J’étais très sérieuse. Je n’étais pas forcément, une femme de mots, peut-être plus une femme d’actions. Et à cet instant bien précis, je souhaitais découvrir le fin mot de l'histoire.

Spoiler:

         

It's a powerful thing
to care so much for someone

La vie parfois avait ce côté déroutant. Cette facilité de vous surprendre. Par exemple, je n’avais jamais pu imaginer que nous aurions franchi cette ligne. La ligne imaginaire que nous construisons afin de garder les autres individus à distance. Cette limite que nous traçons pour séparer l’amitié de l’amour.  Je n’avais jamais réellement placé Dave dans la « zone amicale ». Peut-être avions nous toujours été coincé entre les deux, jonglant entre l’un et l’autre sans savoir où se placer véritablement. Ce temps me semblait à présent révolu. Nous avions tout deux des sentiments l’un pour l’autre. A mes yeux cela changeait tout.  Alors, oui, cela ne serait jamais plus comme autrefois mais peut-être était-ce pour le mieux. C’était pourquoi, j’avais retrouvé mon assurance habituelle alors que je l’invitais à faire un choix audacieux. Alors qu’il mit quelques secondes à réagir, l’anxiété grimpait en moi. Dave déposa sa main sur ma joue alors que son autre main se glissait dans mon dos.  Mon cœur sauta un battement. Son contact doux et électrisant. Mon regard ne quittait pas le sien. Il déposa un baiser  sur mes lèvres que je prolongeais. J’avais l’impression d’être de nouveau une gamine alors que tout se mélangeait. C'était le genre de baiser qu'on ne voit qu'au cinéma. Le genre de baiser qui vous coupait le souffle, vous transportait dans une autre dimension. Une vague d’émotion me submergeait. J’avais du mal à retrouver mes esprits.  Je retrouvais mon souffle réalisant que je l’avais retenu alors qu’il s’était penché pour m’embrasser. « Tu ne sais pas dans quoi tu te lances. » , déclarait Dave avant de sourire. Je lui adressais un large sourire.  Il était beau, intelligent, cultivé, sensible,  gentil, tendre, à l’écoute avec moi. Il semblait être l'homme idéal tout simplement. Ma main rejoignit maladroitement la sienne alors que je rompais de nouveau la distance qui nous séparait. « Oh, je sais exactement dans quoi je me lance, Dave. Je sais aussi combien je suis chanceuse en cet instant de me trouver en face de l’homme idéal. », affirmais-je avant d'effleurer ses lèvres.