La lumière était vive. Bien trop vive à son goût. Ses paupières se refermèrent aussitôt. Il avait l'impression que sa tête allait exploser dans la minute tant elle était douloureuse. Vincent resta immobile, sans chercher à savoir où il était et encore moins ce qu'il faisait là. Il reprenait conscience peu à peu et toutes ces questions étaient les dernières de ses préoccupations pour l'instant. 8 mois. 8 long mois dans le coma – bien qu'il ignorait ce détail -. Forcément, au réveil, c'est compliqué. Et douloureux aussi, physiquement surtout. Il ne voyait rien d'autre que le plafond blanc se trouvant au dessus de lui. C'était flou, ses paupières étant semi-closes. Petit-à-petit, ses esprits lui revenaient, avec difficulté. Un bruit attira son attention. Un bruit régulier, aigu. L'architecte ne parvint pas tout de suite à identifier la provenance de ce son qui l'intriguait fortement. Dans ce qui semblait être un effort surhumain, il tourna la tête vers la gauche, y apercevant une de ces énormes machines chargées de surveiller votre pouls lorsque vous êtes blessé ou malade. Il commençait seulement à comprendre où il était; l'hôpital. Les pensées du jeune homme commencèrent à s'affoler un peu. Que pouvait-il bien faire ici  ? Rien ne lui revenait à ce sujet, il n'avait pas le souvenir d'un accident quelconque l'ayant poussé à se faire hospitaliser. Et Lyn ? Il s'affola davantage encore en pensant à son petit-ami. Et si il lui était arrivé quelque chose, à lui aussi ? Non, pas possible. Il ne le supporterait pas si c'était le cas. Mais alors qu'il commençait à penser qu'il devrait se lever et se mettre à la recherche de celui-ci, son regard tomba sur Lyn. Il était là, plus beau que jamais, concentré sur ce qu'il faisait. Il semblait travailler sur quelque chose, peut-être sur une critique, pour le boulot. Il avait ce pli concentré sur le front qui lui donnait cet air sérieux et concentré que Vincent adorait critiquer. Ou admirer, selon son humeur et ses envies. Peu importait. L'essentiel était là ; il était en bonne santé et ne semblait pas souffrir, du moins pas physiquement. Vincent était évidemment soulagé. C'était un poids en moins, de savoir qu'il ne lui était rien arrivé. Alors qu'il aurait probablement du manifester sa présence, il resta silencieux quelques secondes. Le temps d'admirer son compagnon, avec en tête cette étrange impression qu'il ne l'avait pas vu depuis longtemps. Difficile de savoir exactement depuis combien de temps son regard avait-il croisé le sien quand on se réveille dans un hôpital, branché à des machines en tout genre. Il se rendit alors compte que son silence était mal venu. Lyn devait probablement s'inquiéter pour lui. Il fallait le rassurer, lui dire que tout allait bien – en dehors de ce mal de crâne qui lui donnait envie de claquer sa tête contre un mur pour soulager la douleur, rien de bien dramatique donc -.

La bouche un peu pâteuse, comme c'est parfois le cas après un long sommeil, le brun mit quelques secondes avant de parvenir à sortir le moindre son. « La dernière fois que j't'ai vu avec cette tête là, c'était après nouvel an 2010, tu te trimbalais une énorme gueule de bois. T'as pas arrêté de râler ce jour là. Ça change pas de d'habitude, tu m'diras. » C'était d'un naturel déconcertant de lui parler de la sorte. Comme quoi, peu importait les situations, leur relation restait la même. Si il semblait avoir du mal à se remémorer les éléments précédents son hospitalisation, les souvenirs ultérieurs, eux, semblaient intacts. Cette espèce d'amnésie était probablement la cause directe de la raison l'ayant poussé à se faire hospitaliser. Pour l'instant, à vrai dire, ça lui importait peu. Son attention restait focalisée sur son compagnon, tentant un léger sourire. Il essaya de se redresser pour mieux s'installer, sans grand succès, gêné par tous ces fils reliés à lui et aussi, encore un peu ailleurs. « Qu'est-ce que j'fous ici au juste.. ? » interrogea-t-il, tout de même curieux d'en savoir un peu plus.